Retour à la page d'accueil Contact Liens Tarifs Activités
Retour à la liste des presse et des Etudes

Design et développement - Coyright AXEDESIGN - Myrose

Préparation du Colloque du 4 Décembre 1998

1988 - 1998 : La Médiation Familiale : 10 années pour demain

Thème choisi : La médiation familiale en structure de proximité.

A la Réunion, personne n'ignore les difficultés que rencontrent les familles qui vivent dans une promiscuité telle que, l'inceste, en particulier, est pratiquement inévitable lorsqu'on constate que tous les membres d'une même famille vivent dans une même pièce et parfois dans un même lit. Les causes sont, entre autres, le manque crucial de logement et d'autonomie financière des jeunes adultes.

A la Réunion on trouve également les plus forts taux de chômage et de érémistes; près de 40 % de la population adulte n'a pas d'emploi.

C'est encore à La Réunion que des sessions d'Assises supplémentaires sont audiencées pour juger la plupart des crimes de sang et des affaires de moeurs dus en grande partie à l'alcoolisme, véritable fléau régional.

Si on ajoute à cela une démographie galopante encore insuffisamment jugulée à cause, d'une part, des effets pervers engendrés par les différentes prestations familiales versées aux mères célibataires qui ne maîtrisent pas, " sciemment " parfois, leur fécondité, et, d'autre part, de l'insularité et du climat tropical qui rendent les jeunes filles pubères prématurément, et les garçons plus entreprenants.

Aussi, pour toutes ces raisons, l'introduction de la médiation familiale dans les structures de proximité ne serait pas du luxe.

Comment s'y prendre et avec quels moyens ?

La première démarche serait que les personnes déjà formées à cette nouvelle approche de la rupture fassent mieux connaître la médiation familiale:
- en utilisant tous les moyens de communications : presse écrite, supports audiovisuels, autoroutes de l'information;
- en sensibilisant les travailleurs socioprofessionnels de terrain en contact direct avec les familles en difficulté;
- et en trouvant des espaces de rencontre où les membres des familles en crise pourraient venir exprimer leur détresse et leurs souffrances.

Ces espaces de rencontre et de parole pourraient être fournis par les collectivités locales, lesquelles assureraient une partie du financement, et s'appuieraient sur les Centres communaux d'actions sociales et sur le secteur associatif, en particulier les associations familiales qui adhéreraient activement au projet ( UDAF, MAISONS DE LA FAMILLE etc... ), tant celles-ci sont démunies lorsqu 'elles se trouvent confrontées à ce genre de situations dans lesquelles elles ne peuvent pas, faute de moyens en personnes ressources et financiers, apporter à ces familles une écoute suffisante.

Les séances de médiation fournies ne seraient pas totalement gratuites, d'une part, pour ne pas dévaloriser la profession, et d'autre part, pour responsabiliser les personnes et les sortir de l'assistanat qui n'est pas fait pour leur permettre de retrouver leur dignité.
Un système de modulation du coût pourrait être mis en place en fonction des ressources, et les collectivités concernées n'interviendraient que pour un complément de financement. Le Fonds Interministériel à la Ville serait également sollicité.

Pourquoi ne pas employer les médiateurs familiaux déjà formés pour initier et former à leur tour des médiateurs de proximité ? Il en existent déjà, mais pas dans le cadre ni avec l'esprit de la médiation familiale proprement dite.

Ces "médiateurs de quartier " qui interviennent dans les zones urbaines à risques, dites " banlieues chaudes ", sont envoyés sur le terrain pour " occuper " les jeunes oisifs et pour prévenir les explosions sociales. En fait, ils tentent de réguler une violence, toujours sous-jacente, à cause des nombreux facteurs détonateurs prêts à s'allumer à la plus petite promesse électorale non tenue.
Les jeunes se sentent par ailleurs humiliés et exclus de la société de surconsommation qui étalent ses richesses inaccessibles jusque dans le coeur de leurs cités par l'implantation de grandes surfaces.
Il ne s'agit nullement d'excuser les exactions que commettent ces jeunes qui ne craignent pas la loi et défient ses représentants impuissants à se faire entendre et comprendre autrement que par des sanctions inadaptées.

Une autre suggestion qui mérite réflexion serait de pouvoir obtenir la collaboration de la justice non pas sous l'angle répressif mais sous un aspect préventif.

Elle passerait, par exemple, par la restructuration des Maisons de Justice et du Droit auxquelles il pourrait être annexé un espace de parole donnée aux jeunes, surtout aux enfants, lesquels en dépit de la Convention internationale sur leurs Droits ne semblent pas encore se trouver dans la situation de pouvoir s'exprimer librement et donner leur avis sur tout ce qui les concerne.

Ces lieux qui resteraient sous le contrôle de l'autorité judiciaire rassureraient les Juges aux Affaires Familiales encore réticents à auditionner les enfants dans les procédures les concernant par crainte de leur causer un préjudice encore plus grand.

Ces enfants mis en confiance parleraient à des médiateurs, à des psychologues qui décèleraient chez eux, peut-être suffisamment à temps, des traumatismes, pour éviter qu'ils restent sans repères et perturbés.
Dans cette structure, dont le financement pourrait être assuré par le Ministère de la Justice et par les Barreaux, il y aurait également un avocat spécialisé dans les droits de l'enfant qui apporterait sa contribution pour préserver et défendre ses droits en cas de besoin.

Le problème est comment faire venir les parents à la demande des enfants?

Il y a bien un secteur où ce sont les enfants qui sont à l'initiative d'une telle démarche, à l'école ou dans le lycée où théoriquement il devrait y avoir une assistante sociale et un psychologue. Ce n'est malheureusement pas souvent le cas à La réunion et c'est dommage pour ces jeunes qui sont ainsi sacrifiés pour des raisons budgétaires.

Ces personnes ressources quand elles existent pourraient orienter les enfants vers un espace de parole créé au sein même de l'établissement où ils rencontrerait un médiateur qui décèlerait grâce à différents signes, un conflit intrafamilial existant, et qui inviterait les parents à venir en parler à leur tour. Le fonctionnement de cette structure serait alors assuré par l'Education Nationale.

Ces suggestions pourraient, à mon humble avis, donner à la médiation familiale une autre dimension en allant au coeur du problème, à savoir, directement dans la famille où commence à se former la société de demain, étant elle-même une petite société au sein de laquelle on assiste malheureusement à un dysfonctionnement qui pourrait préjudicier gravement la structure sociale du Département de La Réunion, déjà bien endommagée à cause du chômage, de la démographie galopante, de l'assistanat et de la perte presque totale des valeurs familiales.

Myrose MASSEAUX-CAILLET