MYROSE MASSEAUX-CAILLET, Médiatrice
REDONNER SA PLACE AU PERE
Médiatrice familiale, Myrose Masseaux-Caillet travaille régulièrement
avec les mères célibataires.
" Je les conseille pour régler les différends avec leurs
ex-maris ou concubins, les aiguiller dans leurs démarches administratives
".
La médiatrice avoue une "grande admiration" pour ces
femmes. " C'est déjà très difficile pour un couple
d'assurer l'éducation d'un enfant. Quand on l'élève seul,
c'est un boulot de titan. Les femmes seules jouent à fond le rôle
de père et de mère ".
Myrose Masseaux-Caillet souligne que dans les cas de divorce, les femmes s'approprient
souvent l'enfant et préfèrent se passer de pension alimentaire
pour couper tout lien avec le père.
Une attitude qu'elle ne voit pas d'un très bon oeil. " Le père
a son rôle à jouer. De plus en plus d'hommes se battent pour
garder une place dans la vie de leurs enfants ou en obtenir la garde.
Pour s'imposer, il faut casser un peu cette relation fusionnelle mère-enfant
".
" L'IMAGE DU PERE EST DEVALORISEE "
Lorsque les mères célibataires s'adressent à la médiatrice
ou à un travailleur social, " elles sont souvent à bout
", débordées par les "adorables manipulateurs
que sont les enfants. C'est tout à leur honneur de lutter tant qu'elles
peuvent, concède Myrose Masseaux-Caillet. Mais on ne va pas
chez le docteur quand on est mourant. Il faut savoir repérer les premiers
symptômes. Dès qu'on commence à avoir des difficultés
pour communiquer avec l'enfant il ne faut pas hésiter à s'adresser
à des professionnels. Nous bénéficions de formations
adaptées et nous apportons surtout un regard extérieur sur les
problèmes quotidiens. Cela peut faciliter leur résolution ".
Souvent, quand les mères " n'en peuvent plus ", le
besoin du père se fait ressentir. Et il est parfois trop tard. "
Quand on ne lui a pas donné sa place auprès de l'enfant dès
le départ, le père est démotivé. ce qui me dérange
souvent, c'est que l'image du père est dévalorisée. Absent,
il passe pour un bourreau. Mais je comprends les femmes. Ce genre de réaction
est humaine. Du moment qu'on a eu mal, on a envie de faire mal, mais on oublie
qu'en cassant l'image paternelle ou maternelle - notons que çà
fonctionne dans les deux sens - c'est aussi l'enfant qu'on sanctionne ".
Le bonheur des chérubins reste le cheval de bataille de la médiatrice.
Elle rappelle aux mères que le droit de visite et la pension alimentaire
ne sont absolument pas liés. "Certains empêchent le père
de voir ses enfants sous prétexte qu'il ne verse pas d'argent ou pas
assez pour complèter le budget de l'éducation. Mais il y'a des
pères, qui, économiquement, ont du mal à s'en sortir
et sont bien malheureux d'être " punis " ainsi par la mère.
Cela crée un climat défavorable à l'épanouissement
de l'enfant. Il faut qu'il soit sécurisé sur la liberté
d'aimer ses deux parents, en dehors de leurs querelles ".
Myrose Masseaux-Caillet évoque également un autre genre de mère
célibataire. Ces rares femmes qui ont délibérément
choisi d'avoir un enfant et d'assumer seule son éducation. "
Je n'en ai pas rencontré dans le cadre de mon travail de médiation
familiale. Celles-là n'ont pas besoin de nous. Elles s'offrent l'enfant
comme un cadeau et il est roi. Le père est évincé dès
l'arrivée du bébé car la mère sait qu'elle a les
moyens financiers et intellectuels d'élever son enfant. "
Avec beaucoup de précautions - " ma seule certitude, c'est
d'avoir des doutes " - la médiatrice avance que cette attitude
n'est pas forcément bonne pour l'enfant. " Quelque part, quand
une femme choisit de faire un bébé toute seule, elle veut un
chef-d'oeuvre. Elle va focaliser sa vie sur cette création et malheur
à celui qui s'approche pour contre-carrer son projet. Mais l'enfant
a aussi sa propre personnalité et le jour où il se met à
chercher ses racines, l'absence de père et de toute information à
son sujet risque de se retourner contre la mère ".