" LES GRANDS GAGNANTS SONT LES ENFANTS "
Seule médiatrice familiale travaillant dans le secteur libéral
à la Réunion, Myrose Masseaux-Caillet n'a de cesse de réaffirmer
le rôle du père au sein des couples. C'est donc très positivement
qu'elle accueille le dispositif présenté par Ségolène
Royal, et à double titre : parce qu'il revalorise les pères,
mais aussi parce que la médiation familiale devient une discipline
à part entière.
" Les mères ont longtemps été persuadées,
parce que c'est ainsi qu'elles avaient été éduquées,
qu'elles étaient les seules à pouvoir s'occuper de l'enfant
qu'elles avaient porté, oubliant que cet enfant a été
fait à deux. Après une rupture, même si le père
est encore vivant, l'enfant se retrouve orphelin.
" On a pu penser, du fait de mon combat aux côtés des pères,
que j'étais contre les femmes. Mais non, je défends la famille
! Auparavant, pour obtenir des droits, le père devait suivre un véritable
parcours du combattant ... Et je ne parle même pas de la garde alternée,
qui est une avancée fantastique et dont personne ne voulait entendre
parler il y'a encore quelques années. Désormais, il n'y aura
plus de parent numéro un et de parent numéro deux. C'était
dans l'ordre des choses, mais il a pourtant fallu une loi, tout cela parce
que l'on était dans un certain état d'esprit ...
" Les enfants, c'est mon moteur dans ma profession. J'entends tellement
de souffrance en médiation. Les parents en rupture sont tellement impliqués
dans leur propre souffrance qu'ils ne peuvent entendre celle de leurs enfants.
Qu'on les écoute ! Ces enfants sont sanctionnés pour quelque
chose dont ils ne sont pas responsables" .
" On ne peut pas faire grand chose contre le divorce, mais il faut préserver
les enfants. Car les enfants reproduisent le schéma : quand on n'a
connu que la violence. On n'est pas propriétaire d'un enfant. J'entends
parfois des femmes qui disent : " mon " enfant. Je les reprends,
et je dis au père : c'est aussi votre enfant ".
" INJUSTE POUR L'ENFANT "
Pour Myrose Masseaux-Caillet, l'arrivée du congé paternité
vient redresser la balance dans le bon sens : " Pourquoi la mère
restait-elle seule à élever l'enfant ? C'était injuste
pour la mère, injuste pour le père, et surtout injuste pour
l'enfant. Avec ce nouveau dispositif, ce sont les enfants qui sont les grands
gagnants. On va enfin reconnaître l'enfant comme une personne, et non
plus comme un objet.
" De même, le livret de paternité est une bonne chose. J'apprécie
aussi la reconnaissance solennelle de l'enfant par les deux parents. Combien
de pères pensaient qu'ils ne pouvaient pas reconnaître leur enfant
si la mère ne le souhaitait pas ? On reconnaît enfin le père
en tant que parent à part entière.
Enfin, la distinction n'existera plus entre enfants naturels et légitimes.
On parlera simplement d'enfants mineurs. Le législateur a humanisé
le droit, c'est une bonne chose ".
La médiation familiale n'a pas été oubliée par
Ségolène Royal. Cette discipline, dont l'objectif premier est
de préserver les enfants en cas de conflit entre les parents, devrait
être prochainement validée par une formation et un certificat
d'aptitude. On compte environ 350 médiateurs familiaux au niveau national.
Myrose Masseaux-Caillet, la seule à exercer à la Réunion
dans le secteur libéral, se félicite que "les juges
désormais incitent les personnes à avoir recours à la
médiation familiale. Mon souhait, c'est que tous les professionnels
qui s'occupent de la famille travaillent dans le même sens, avec le
même objectif : faire évoluer la famille, faire en sorte que
les enfants ne soient pas cassés, car ils sont la société
de demain ".