" UNE PIONNIERE A MAYOTTE "
Myrose Masseaux-Caillet scrute Mayotte depuis trois ans. De banga en banga,
cette femme à l'apparence fragile, est au fond une battante. Son sens
de la communication qui l'a conduite au contact des gens d'ici et de leurs
réalités, ajouté à son regard de spécialiste
de la médiation, l'autorise à dire que Mayotte a besoin de structures
au service des familles.
Il n'est pas donné à tout le monde de lire la souffrance. Sauf
quand la dure réalité de la délinquance nous renvoie
à notre propre déresponsabilisation sur le banc d'un tribunal
ou devant un maître d'école qui nous interpelle sur les mauvais
résultats de notre progéniture. Souvent, il est trop tard pour
tendre la main, parce que tout simplement nous n'avons pas su ou voulu écouter
ce cri de silence de nos proches.
Mayotte n'est pas à l'abri de ces crises qui brisent les familles avec
leur lot de souffrances, de traumatismes dont les enfants paient un lourd
tribut. Certes, comme dans toutes les sociétés en mutation,
les liens de solidarité traditionnelle se délitent sans que
d'autres se tissent à temps pour combler le vide. Mais nous oublions
souvent que nous n'avons que la société à notre image
et que nous ne pouvons agir sur elle qu'en agissant d'abord sur nous-mêmes,
sur la première cellule qu'est la famille. Car c'est notre premier
espace de communication. Le lieu d'apprentissage des vraies valeurs, le cadre
de gestion des premiers conflits.
Celui où l'enfant apprend l'amour, le sens de l'autorité et
de la responsabilité.
Pour renforcer ce noyau, la France, sur le modèle des anglo-saxons
a développé la pratique de la médiation familiale dans
les années 80. En 1995, la pratique s'est étendue à la
Réunion grâce à une femme : Myrose Masseaux-Caillet. Elle
fait partie des fondatrices de l'Association familiale dans l'Océan
Indien (AFOI).
A Mayotte, les systèmes judiciaire et scolaire s'efforcent de développer
cet espace de communication et de gestion des conflits familiaux. Le premier
intervient après la sanction, le second sur l'enfant.
Dans les deux cas, l'effort se fait en aval. Alors que c'est en amont qu'il
faudra agir, pour combler les carences affectives, apprendre aux couples,
à réussir leur vie en commun, mais aussi leur séparation.
Ce besoin de médiation est aussi fort ici qu'ailleurs, même si
la chape sociale bloque encore son expression. En trois ans à Mayotte,
Myrose Masseaux-Caillet est convaincue qu'il est temps d'aider la famille
mahoraise à poser les bases de la corresponsabilité familiale.
En optant pour ouvrir le premier cabinet de médiation familiale dans
l'île, à M'TSAPERE, Myrose fait un pari pour l'avenir. Elle a
le soutien de plusieurs associations féminines. On peut espérer
qu'elle obtiendra aussi le coup de main de l'administration pour que les familles
les moins favorisées ne le soient pas encore davantage.
KES